Hunter as a Horse – The Two Magics Vol 1.

Vous êtes perdu, couché dans une barque emportée par le courant silencieux et traversez les paysages de Böcklin ou Friedrich, porté par cette darkwave qui, sous des dehors sages et contemplatifs — rappelant ci et là Lamb ( sans les beats agressifs ) ou Bat for Lashes — distille sans complexe les 5 perles qui composent ce premier EP du groupe londonien Hunter As a Horse.

Co-produit par Ewan Pearson ( Ladytron, Chikinki, Tracy Thorn… ) ce très beau « The Two Magics Vol 1 » se veut débarrassé de l’influence citadine pour reconnecter avec la nature, dans une ferme toscane ayant appartenu à un sorcier, en l’occurrence, transformée en studio pour l’occasion. Anecdote parfaite pour éclairer voire illuminer la légende d’un groupe.

Oublier la ville pour retrouver l’innocence entre les murs où ont résonné des incantations chamaniques… Mais le duo, Paul Gala ( synthés et machines ) et Mia Van Wyk ( chant et guitare ), connaît bien ses classiques, ancrés dans le goudron et l’acier, pour certains, qu’il a digérés, chair, abats et squelette compris. On retrouve les ambiances chaudes de Massive Attack ( celui de « 100th Window », pour les collaborations avec Sinead O’Connor ), The Magnetic North, pour la mélancolie distante qui ne rejette pas l’espoir, ou encore Other Lives pour les mélodies implacables et les envolées pop raffinées et délicates avec dans la voix une présence mystérieuse qui rappelle quelquefois Emiliana Torrini ( mais sans l’accent islandais…).

« Someone is watching… Someone is watching…  » C’est par ces mots que débute et s’achève « Passenger ». Chanson paranoïaque, certainement tout autant inspirée par l’ancien occupant des lieux de leur studio improvisé, un sorcier surnommé « Il terzo occhio » ( le troisième oeil… ) que par les films noirs américains façon Fritz Lang. Mia Van Wyk y traite de l’ombre, d’une présence, de « l’autre » qu’on ne voit pas mais qui guide nos pas, un peu comme le dark passenger de Dexter, en moins sanglant… Selon la chanteuse, il y est aussi question de voyage astral, expérience traumatisante qu’elle fit dans l’enfance, échappant de peu à la noyade. Le pari est réussi avec cet orgue qui vient hanter la basse et la batterie entrelacées, rappelant fortement « What’s a girl to do » de Bat for Lashes.

L’autre morceau incontournable est « Dead Stars », déclaration de guerre à l’industrie musicale, aux fausses vedettes, aux faiseurs qui ne cherchent rien d’autre que la célébrité. Hunter As a Horse ne cherche ni reconnaissance ni succès, ni label pour être libre de ses choix. Le volume 2 de « The Two Magics » est en préparation.

Une curiosité à écouter sur leur page Soundcloud : la cover de « Disarm » des Smashing Pumpkins.

Chronique Vincent Daenen

 

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